MUSIQUE
La composition, c’est un long fil qui se déroule d’un écheveau et de plus en plus vite. Dans cette rotation de l’écheveau, il y a même en soi de la musicalité, marquée par le rythme incessant qui progresse et se complexifie perpétuellement. Des similarités la rapprochent aussi de la construction d’une maison. D’abord, il y a une charpente, le squelette d’un thème dans son expression la plus élémentaire. Viennent ensuite des matériaux de consolidation, de confection, puis d’ornementation. La dernière touche est celle de la couleur avec ses nuances et ses teintes variées. Elle est aussi similaire à la confection d’un vêtement. Il y a le croquis initital d’une nouvelle coupe d’étoffe, puis le dessin des pièces, leur découpe, l’assemblage et la couture. Les motifs, la texture et les reliefs sont essentiels. En musique, la couture, c’est la transition, tout comme dans un texte en mots, d’un paragraphe à l’autre. Elle doit permettre de glisser aisément d’une idée ou d’un tableau au suivant, comme sur une pièce de bois bien polie. Ou elle doit marquer une interjection, une exclamation dans le récit. Voilà à quoi pourrait ressembler la création musicale en tant qu’émergence d’un processus intérieur de gestation.
Le début d’une composition, c’est aussi un trait que l’on place sur une feuille. Ce trait, au fusain, au pastel ou au crayon, est des plus élémentaires. C’est un embryon. Il est informe. Il représente une sorte d’armature qui va graduellement soutenir une série de coups de graphite ou de charbon. Chaque nouvelle ligne définit et confirme la forme qui prend naissance. De manière analogue, sur une portée, les notes, s’additionnant les unes aux autres, impriment un mouvement qui, progressivement, s’affirme et se complexifie.
Tout est musique. La vie est fugue et litanie. Si l’on observe bien, l’activité humaine génère naturellement une myriade de mélodies et de rythmes. Il suffit d’écouter les sons ambiants qui nous entourent. Il s’agit d’un bassin inépuisable, tout comme la fontaine du village qui s’écoule généreusement et de manière ininterrompue. La matière brute peut certes être transformée, et parfois si peu tant est souvent émouvante la poésie intrinsèque qui se dégage de notre monde sonore environnant. Ainsi, le compositeur est avant tout un être contemplatif qui effectue une traduction du réel à l’imaginaire.
Un pas de deux. Composition inédite pour grand piano acoustique, 2019 (7,36 minutes).
Quelques pas de danse. Composition inédite pour grand piano acoustique, 2019 (2,05 minutes).
Suite anecdotique un. Composition inédite pour grand piano acoustique, 2019 (6,19 minutes).
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